Lorsqu'on est sourd, entrer dans le monde du travail peut s'assimiler à un parcours du combattant. Le CV est un outil à double tranchant. Alors au moment de cliquer sur "envoi", on peut hésiter : faut-il mentionner ma surdité ou la taire ? Quand on sait que l'insertion socioprofessionnelle d'un salarié sourd dépend fortement de l'attitude de son employeur, on y réfléchit à deux fois. Voici donc 3 étapes à respecter si vous décidez d'en parler sur votre CV.
Règle n°1 : connaître les idées reçues sur la surdité en entreprise
Un aménagement compliqué, une communication difficile
La plupart du temps, la surdité est un sujet méconnu en entreprise. De nombreuses peurs et clichés subsistent quant à l'emploi des personnes sourdes : va-t-on se comprendre ? Quels modes de communication adopter avec une personne sourde ? Les dispositifs d'accessibilité sont-ils faciles à mettre en place ? Sans compter qu'il faut aussi sensibiliser les équipes aux bonnes pratiques de l'inclusion d'un travailleur en situation de handicap...
Des compétences moindres, une performance médiocre
Au fond, les employeurs peuvent aussi se poser la question des compétences et de la performance économique générée par des employés porteurs de handicaps auditifs. Ils peuvent avoir des préjugés sur les savoir-être et les savoir-faire des personnes sourdes. Cherchez à rassurer votre interlocuteur en mentionnant :
- vos expériences passées ;
- vos apprentissages ;
- vos succès ;
- votre désir d'apprendre ;
- votre forte adaptabilité.
Des obligations légales subies
Il arrive que des entreprises souhaitent simplement se conformer à leur obligation d'emploi de personnes reconnues #RQTH et remplir des quotas. Dans ce cas, vous pourriez sentir que vos compétences ou attentes n'entrent pas réellement en jeu dans le processus de recrutement. Or un recrutement "maquillé" et fictif est la promesse d'un emploi insatisfaisant, aussi bien du côté employeur que pour le salarié.
"J'avais découvert une association spécialisée pour accompagner les étudiants sourds. C'était nouveau et ils m'ont trouvé un travail dans une banque. Ils cherchaient à respecter les quotas de 6%. J'avais l'impression d'être un produit. J'ai été reçue par un DRH qui m'a tout de suite dit : "On vous prend !" On m'a donné le poste comme ça, sans passer de tests alors que je n'avais pas fait d'études bancaires. C'était ça le plus surprenant. À l'époque, ils étaient prêts à prendre n'importe quel étudiant pour les quotas de handicap. "
ALINE, PERSONNE SOURDE
Règle n°2 : bien préparer la lettre de motivation
Mettre en avant ses propres atouts
Lors de la rédaction de votre lettre, identifiez avec précision les compétences demandées pour le poste. Pour chacune de ces compétences, par exemple : rigueur, organisation, autonomie, esprit d'équipe, sens de l'accueil, compétences informatiques, listez une expérience passée où vous avez su utiliser ce savoir-faire. Expliquez ce en quoi vous avez pu cultiver ce talent et faites-en une démonstration, grâce à des exemples de situations professionnelles vécues.
Vous souhaitez postuler pour un poste de comptable ? Valorisez votre sens du travail en équipe, votre rigueur et votre organisation infaillible en l'illustrant d'exemples. Vous visez un poste d'éducateur spécialisé ? Mettez en avant vos qualités d'écoute, de communication et votre stabilité émotionnelle face aux défis de ce type d'emploi. Bien entendu, vous pouvez aussi évoquer la façon dont vous avez développé des compétences, savoir-être ou soft skills dans votre vie personnelle.
Valoriser la mission et les valeurs de l'entreprise ciblée
Dans quel secteur l'entreprise exerce-t-elle ? Bâtiment, industrie, artisanat, restauration, secteur médical ou secteur administratif ? Avant l'entretien, cherchez à comprendre l'histoire de la société, ses valeurs et les compétences attendues chez ses collaborateurs.
Mieux encore, analysez le rôle du poste dans l'écosystème de l'entreprise et explorez les missions de vos futurs interlocuteurs au quotidien. Vous aurez ainsi une vue globale du poste et de l'environnement auquel il appartient. Enfin, dans votre lettre, posez des questions ciblées, soyez curieux et pertinent dans vos formulations... Vous pourriez bien marquer des points !
Informer votre employeur des aides financières pour soutenir l'emploi RQTH
Depuis le 1er janvier 2022, de nouvelles aides à l'emploi, au maintien de l'emploi et à la formation des personnes handicapées sont disponibles. Nous avons compilé les aides principales auxquelles l'employeur a accès ici : aide à l'embauche, aide à l'accueil du salarié RQTH, aide à l'aménagement du poste de travail, aide au maintien de l'emploi, etc.
Par exemple, une aide technique à la compensation du handicap peut s'obtenir. La personne handicapée peut en faire la auprès de sa délégation régionale Agefiph. Équipements, installations ou systèmes adaptés au type de handicap sont disponibles pour un montant maximum de 5000 €. Ces aides techniques seront spécialement conçues pour compenser un handicap auditif, par exemple. Vous pouvez le mentionner dans votre lettre.
Enfin, en deux décennies, l'essor du numérique, de l'IA et des nouvelles technologies ont élargi les possibles en matière d'emploi et de communication globale pour les personnes sourdes ou malentendantes.
Règle n°3 : lors de l'entretien, parlez de l'inclusion #RQTH en entreprise
En évitant de postuler pour certains métiers
Pour des raisons de sécurité, les personnes sourdes ou avec une surdité sévère ne peuvent exercer certains métiers : maître nageur, vigile, policier, hôtesse de l'air, pompier ou pilote de ligne par exemple. En revanche, de nombreux domaines restent ouverts au monde sourd : administration publique, recherche, éducation nationale, assurances, télécommunications, social, industries manufacturières, artisanat, informatique, etc. Avant de postuler, assurez-vous que les compétences nécessaires pour le poste sont bien alignées avec vos capacités et savoir-faire.
En facilitant le recrutement RQTH
Le candidat sourd ou malentendant peut, en même temps qu'il informe son interlocuteur de sa situation de handicap, préciser ses besoins spécifiques (interactions, adaptation technique) et lui indiquer les aides techniques et financières accessibles. Il fera gagner du temps à l'entreprise et lui économisera la mise en place d'aménagements ou de méthodologies inappropriés. Il faut savoir que sur le plan administratif, le recrutement et le statut d'une personne en situation de handicap équivalent à ceux d'un salarié sans handicap.
Concernant l'employeur : dès qu'il analyse les enjeux de communication liés à l'activité professionnelle de la personne en situation de handicap et adapte le poste la fiche de mission/le poste de travail en conséquence, le recrutement devient gagnant-gagnant.
Notre solution Ava Scribe fournit à l'entreprise des sous-titres en temps réel avec une précision optimale de 99 %. Sur smartphone, tablette ou ordinateur, la puissance de l'Intelligence artificielle s'allie au talent de scribes professionnels pour offrir le meilleur de la transcription instantanée. Pour tester gratuitement la vitesse et la précision d'Ava Scribe, prenez rendez-vous ici. Pour un bureau 100 % accessible !
L'attitude proactive du salarié sourd encourage aussi l'entreprise à former des DRH et à développer des processus d'insertion et management de personnes sourdes et malentendantes.
En sensibilisant à l'emploi de travailleurs reconnus handicapés
En engageant une personne en situation de handicap, le recruteur valorise l'inclusion et l'accessibilité au sein de son entreprise. En intégrant une personne sourde ou malentendante dans ses équipes, il leur offre la chance de changer de regard sur la notion de différence. Il contribue à rendre la société française plus inclusive et aide à faire tomber les barrières de la discrimination. Mentionnez-le !
En effet, travailler avec un collègue handicapé au quotidien transforme la perception de chacun.e sur les compétences et talents du travailleur RQTH. Mêmes capacités, motivation, performance chez ce collègue et bien plus encore... Car les autres ressources développées par cette personne pour compenser le handicap apportent un vrai "plus" à l'entreprise.
En engageant un travailleur sourd et malentendant, l'entreprise répond à ses obligations légales et se distingue. En servant la politique RSE de la société, l'entreprise envoie un message fort au monde.
Alors, à présent, allez-vous mentionner votre surdité sur votre CV ? Vous sentez-vous préparé et armé pour valoriser vos compétences ? Prêt.e à démontrer que le recrutement d'un salarié sourd ou malentendant est, avant tout, bénéfique à l'entreprise ?